C’est dans la place des Restauradores que naît la première grande avenue de Lisbonne. L’avenue de la Liberté.
Cette place est dédiée aux hommes qui, en 1640, ont libéré le Portugal de soixante ans d’emprise espagnole et ont restauré l’indépendance, un matin froid de décembre.
La mort du roi D. Sebastião en 1578 a plongé le pays dans une crise profonde. À Tomar, Felipe II d’Espagne est acclamé roi du Portugal.
Et c’est ainsi que pendant soixante ans, de 1580 à 1640, ce sont les rois d’Espagne qui ont régné sur un Portugal à la dérive et qui, bien au contraire de ce que Felipe avait promis, en ont profité pour appauvrir le pays.
C’est pendant cette période que les Hollandais et les Anglais profitent de la faiblesse portugaise pour conquérir une tranche du vaste et tant convoité empire portugais, pour s’installer notamment au Brésil (Salvador, Bahia, Rio Grande, etc.) et au Japon dont les Hollandais expulsent les Portugais, en 1616.
Les Anglais, eux, s’infiltrent en Inde et s’installent à Ormuz.
En 1628, à Porto, on entend les premières clameurs d’une révolte qui allait faire son chemin. En 1637, la révolte populaire d’Evora allait conduire le pays à ce matin du 1er décembre 1640 où, à la Place du Commerce, un groupe bien déterminé a fait renaître la patrie portugaise et refait battre à nouveau le cœur du Portugal, dans sa fierté toute lusitanienne.
D. João IV, duc de Bragance, a été acclamé roi du Portugal.
Il me semble important de parler de l’importance des femmes qui, à chaque chapitre, grandissent d’humanité l’histoire du Portugal et même dans leur nationaliste exacerbé. On raconte que D. Filipa de Vilhena, veuve, et dont le père, D. Jerónimo Coutinho, avait refusé en 1619 le poste de vice-roi des Indes, ayant pris connaissance des événements qui s’y préparaient, aurait appelé ses deux fils et les aurait ordonnés chevaliers : « Mes enfants, au nom de Dieu et de nos anciens, je vous ordonne chevaliers. Allez combattre pour la liberté, il faut vaincre ou mourir. »
Il a fallu encore 28 ans de guerres contre les Espagnols pour que ceux-ci reconnaissent la souveraineté du Portugal, dans le Traité de Lisbonne signé en 1668.
[Pour ceux qui sont friands de petites anecdotes, l’expression portugaise D’Espagne, ni de bon vent ni de bon mariage est entrée dans l’usage à cette époque. Elle trouve sa source dans les problèmes de succession de 1383/1385 et dans la malheureuse union ibérique de 1581/1640, pour ce qui est du mariage. Pour le vent, faut savoir que les vents venant du continent sont souvent secs et très froids en hiver et très chauds en été.]
Les Portugais ont rétabli leur pouvoir et ont réussi à expulser les Hollandais du Brésil, d’Angola et de São Tomé e Principe. Malheureusement, ils n’ont pas réussi à reprendre les territoires de l’Orient ni Ceuta, désormais sous l’emprise espagnole.
L’aventure stupide de l’inexpérimenté et immature roi D. Sebastião a donc eu de bien lourdes conséquences sur la splendeur et la gloire du Portugal.
Mais laissons les clameurs de l’histoire et revenons à la place des Restaurateurs où trône avec arrogance une obélisque de près de 30 mètres de hauteur, inaugurée en 1886, où on peut apercevoir à la base deux statues de bronze : le génie de l’indépendance, du sculpteur Alberto Nunes et le génie de la Victoire, de Simões de Almeida.
Il est complété par les noms des principales batailles de la Restauration.
Le monument est l’œuvre du sculpteur António Tomás da Fonseca et de Sérgio Augusto de Barros.
Faut vous dire que dans la Lisbonne de mon enfance il y avait deux beaux cinémas. Le cinéma Eden, avec sa belle et imposante façade Art Nouveau, devenu l’Orion Eden Hotel et le cinéma Condes, transformé aujourd’hui en café ‘américanisé’ mondain.
Un autre bâtiment imposant sur la place est le Palácio Foz, où siège aujourd’hui l’Office du tourisme de Lisbonne. Ce palais compte une salle noble, richement décorée du style Louis XV, mais conservant encore tout l’équilibre et la sobriété du style Louis XIV.
Puis, le luxueux et grandiose hôtel Avenida Palace (ex-Hotel Avis), où Calouste Gulbenkian avait établi sa résidence.
Sans oublier un des multiples ascenseurs (celui de la Gloire) qui vous emmène dans la haute ville…
où le jardin du mirador São Pedro de Alcântara vous attend pour vous proposer, avec délicatesse, une pause en profitant d’une vue imprenable sur Lisbonne.
[Toutes les photos ont été cueillies dans la toile]
Encore un « reportage » façon Armando qui donne envie de monter dans le premier avion pour Lisbonne!
Comme Denise,, je dis même que j’attends mes mercredis au Portugal … J’irai un joUr j’espère, tu nous donnes vraiment envie de découvrir, en attendant, je regarde bien, à la loupe ! rire
Bisou portuguese
Reportagem completa e fotografias fantásticas (sobretudo a primeira). Lisboa é mais do que bonita, é linda.
Um grande abraço.
En lisant tes mercredis au Portugal, je trouve Lisbonne de plus en plus belle et accueillante. C’est une ville magnifique.
L’histoire est passionnante comme toujours et j’ai un faible pour l’ascenseur. Il me plaît beaucoup.
Merci Armando pour cette très belle documentation et tout ce travail que j’apprécie énormément !
Bise
On apprend des choses ici, même pour un portugais…très intéressant cette carte postale.
L’influence des femmes ?? Uniquement au Portugal ?? lol
Bien documenté encore ce mercredi au Portugal
Merci Armando
Je vais attraper le tramway au vol et me rendre dans ces jardins pour avoir la vue et un peu de fraicheur car il doit déjà faire chaud à Lisbonne