Merci Monsieur Sarkis

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 [Photo : Portuguese eyes]

 

Nous sommes en 1937, et la vente aux enchères aura lieu dans quelques heures quand le téléphone sonne… Maurice Rheims (devenu célèbre commissaire-priseur) répond à un appel d’un certain Gulbenkian, qui lui demande poliment de lui amener deux miniatures arméniennes qui doivent être mises aux enchères ce jour-là. Embarrassé mais courtois,  le jeune Maurice Rheims explique tant bien que mal à Monsieur Gulbenkian que c’est impossible puisqu’il s’agit d’une vente aux enchères, et il raccroche l’appareil, sourire aux lèvres.

Maître Andrieux, le patron de Rheims, apprenant cela, le traite de plouc et de paysan, et lui ordonne de se rendre immédiatement, avec les deux miniatures, chez le représentant commercial et diplomatique de la Perse à Paris, à hôtel particulier de l’avenue d’Iéna, et de faire ses excuses.

Après les avoir examinées, Gulbenkian lui fait part de son désir de les acheter, sans conditions. Interloqué, Rheims lui demande : Et vous allez jusqu’à quel prix?… Gulbenkian lui répond : Jusqu’au prix auquel vous les adjugerez… Le jeune Rheims insiste : Mais, Monsieur… si le prix dépasse… Alors Gulbenkian l’interromp en lui disant : Je ne comprends pas votre remarque. Je veux ces deux miniatures. Alors, aucun prix ne me dépasse.

[Haute curiosité, Maurice Rheims, 1975 (Laffont)]

 

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Calouste Sarkis Gulbenkien est décédé à Lisbonne, où il était arrivé en 1942, pendant la deuxième guerre mondiale, à la recherche de tranquillité, quelque 18 ans plus tard. Il avait établi résidence à l’Hôtel Avis.

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Issu d’une famille de riches commerçants arméniens, il a étudié à Marseille et puis à Londres, où il a épousé en 1892, Nevarte Essayan de qui il aura deux enfants : Noubar et Rita. Ce polyglotte a acquis la nationalité britannique en 1902.

Sa vie professionnelle a été tournée vers l’industrie du pétrole, ayant participé à d’importantes négociations internationales, notamment à la création de la Shell Petroleum, de Turkish Oil Company dont les actions ont été dispersées par l’Anglo-Persian Oil Company, Royal Dutch-Shell et la Deutsche Bank. Cinq pour cent de la valeur de ces actions ont été versées au négociateur, Calouste Gulbenkian.

Passionné d’art, il dépense une partie de son immense fortune à acquérir des œuvres les plus diverses.

Je ne peux que vous citer quelques-unes : Les amours centaures  de Rubens, ainsi que des tableaux de Rembrandt, Van Dyck, Quentin de la TourVan der Weyden, CorotDegas, Monet, Renoir, une série de célèbres ‘Venise’ de Francesco Guardi, les bustes de Rodin, etc…

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Autoportrait en groupe
Almada Negreiros

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Les bulles de savon
Manet

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Quillebeuf, Mouth of the Seine
Joseph M. William Turner

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Portrait of Mrs. Lowndes-Stone
Thomas Gainsborough

 

Il achète également des pièces de toutes les époques de l’Egypte et de l’art grec jusqu’à l’art déco; des nacres japonais; des faïences perses; des missels arméniens; des azulejos; des horloges; des jarres et porcelaines de Chine, dont les pièces de la «famille Verte» datées de la dynastie des Qing (1662-1722); des créations en filigrane et pierres précieuses de son ami René Lalique

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Calouste Gulbenkian, reconnaissant de l’hospitalité portugaise qu’il n’avait connu en aucun autre endroit au monde, a offert au Portugal sa collection la plus importante en inscrivant exprès dans son testament la volonté de créer une fondation qui porterait son nom.

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La Fondation Calouste Gulbenkian a été constituée en 1956 et grâce à la ténacité de l’avocat portugais José Azeredo Perdigão, elle a été inauguré en 1969.

Le musée Calouste Gulbenkian est probablement le plus grand musée portugais et digne des plus grands d’Europe.

Le jardin Gulbenkian est un exemple d’architecture paysagistique. Un lieu de vie rempli de sérénité au cœur de la ville où la beauté de nature se renouvelle, dans une symbiose entre l’art et la nature dans une volonté d’intimité, un peu à l’image de Calouste Gulbenkian.

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Au cours de toute son existence, Calouste Gulbenkian a fait d’importantes donations en faveur d’écoles arméniennes (sa communauté d’origine), de centres médicaux en Turquie, au Liban, en Syrie entre autres ou encore pour la construction d’églises arméniennes. Il a financé la reconstruction de la cathédrale d’Etchmiadzine en Arménie et la construction de l’église Saint-Sarkis à Londres, en mémoire de ses parents.

Au Portugal, la fondation Gulbenkian soutient et assure la promotion de centaines de projets éducatifs, artistiques ou encore scientifiques.

Il m’est venu en mémoire un voyage que j’avais fait, lorsque j’étais enfant.

J’ai gardé de cette journée un merveilleux souvenir de mon enfance. Un de ces souvenirs souriants qui traînent quelquefois dans nos mémoires. J’étais trop petit ou trop malheureux pour savoir dire Monsieur Sarkis… mais, ne veut-il mieux tard que jamais ?…

 

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pour tout savoir :

 

Musée Gulbenkian
Lisbonne

Fondation Calouste Gulbenkian
Lisbonne

Departement Musique

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Centre culturel Calouste Gulbenkian
Paris

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Fondation Calouste Gulbenkian
Londres

À propos de dubleudansmesnuages

Je laisserai vagabonder mon esprit nomade, sur le fil d'or de mes silences, pour vous parler des ces choses qui me maintiennent en équilibre. Je vous parlerai aussi des musiques que j'aime. Elles se promènent du Fado d'Amália, de Dulce Pontes, de Cristina Branco, de Mariza, jusqu'aux voix frissonantes de Diana Krall, de Stacey Kent, de Chiara Civello, de Karrin Allyson, de Stina Nordenstam, de Robin McKelle, de Sophie Milman, d'Emilie-Claire Barlow, et d'encore plein d'autres … Aznavour, Brel, Duteil, Art Mengo, Berliner, Cabrel, Balavoine, Julien Clerc, Fugain, Le Forestier, Goldman, Lama, Rapsat, Vassiliu, Daniel Seff, Peyrac et tous ceux que m’on fait aimer la chanson française. Je me perdrai certains soirs dans le paradis de la musique brésilienne : Eliane Elias, Astrud Gilbert, Gal Costa, Elis Regina, Bia, Bebel Gilberto, Maria Creuza, Nara Leão, Jobim, Vinicius, Buarque, Toquinho, Djavan … Il y aura des moments où je vous parlerai d'une des chansons de ceux que j'affectionne. Donovan, Leonard Cohen, The Doors, Tracy Chapman, The Scorpions, Dylan, Lennon ou McCartney (avec ou sans les Beatles), ou de voix d'or comme Sarah Brightman, Ana Torroja, ou Teresa Salgueiro. Puis, parfois, je me promènerai sans but précis entre Piazzolla et Lluis Llach, de Mayte Martin à Gigliolla Cinquetti ou Paolo Conte, de Chavella Vargas à Souad Massi en passant par Gabriel Yacoub. Parce que la musique n’a aucune frontière. La musique ne connait que des sensibilités. Des sonorités. Des larmes ou des sourires. Je vous déposerai ici l'une ou l'autre de mes photos. Les moins ratées. Je vous laisserai un peu de poésie. Des poètes portugais. Que j'aime. Infiniment. Et puis tous les autres dont les textes me touchent. Je ne vous parlerai que des gens que j’aime. Et puis un peu de moi. Si peu. Et puis, si j'ai le temps. Seulement si j'ai le temps, je vous parlerai d'autres choses. Plus intimes.
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10 réponses à Merci Monsieur Sarkis

  1. Jean-Marie dit :

    Je reviens de deux visites successives au musée Gulbekian à Lisbonne. TOUT ce qui est exposé est d’une beauté à couper le souffle ! Gulbekian savait choisir ! Mais il faut aussi admirer le choix et la présentation des pièces faites par la direction du musée. Trois de mes coups de coeur ? (en dehors bien sur des incontournables chefs d’oeuvre) : une lampe de mosquée, une toile de Daubigny, le buste de Molière. Pour ma femme, c’est la collection Lalique, of course !

  2. Anne-Claire dit :

    ..très rassurant de rencontrer, au hasard de mes recherches sur C Gulbenkian, des âmes émues par cette puissante personnalité …

    Muito obrigada!!!

    Anne-Claire

  3. saab dit :

    C’est toujours un régale ces mercredis, je m’évade dans le jardin Gulbenkian, les photos sont somptueuses. Une brise d’air frais en cette matinée bien morose.

    PS : merci pour Térez Montcalm, sa voix m’impressionne beaucoup, une vraie blueswoman dans l’âme !

  4. Dominique dit :

    Je suis de retour car hasard des lectures et coincidences je lis de Denis Grozdanovitch « l’art difficile de ne presque rien faire » et il y a un chapitre consacré à sa visite de ce musée  » le rêve de Gulbenkian » il parle de son goût raffiné,des objets magnifiques ou curieux comme un sarcophage de chat de l’ère Egyptienne , les tableaux somptueux et les laliques
    bref je relis ce chapitre et l’alterne avec vos images
    Un voyage doublement virtuel, Denis Grozdanovitch souhaite que
    « Calouste ait lui même connu à son heure de semblables jouissances, non seulement dans la contemplation des oeuvres mais dans son existence d’homme parmi les hommes « 

  5. Lali dit :

    Un jour, je passerai au moins toute une journée dans ce musée!!
    Merci pour ce nouveau reportage qui s’additionne à tous les autres qui font des mercredis la plus belle journée de la semaine!

  6. Denise dit :

    C’est un homme au grand coeur qui a su partager ses biens et en faire profiter beaucoup grâce à la Fondation Gulbenkian.

    Merci Armando pour ce magnifique documentaire.

  7. Bonjour Dominique

    à ma connaissance la communauté arménienne n’est pas significative au Portugal.

    J’espère que vous me pardonnerez pour la torture morale…

  8. Dominique dit :

    Je découvre un personnage et j’ai une question, la communauté arménienne est elle importante au portugal ?
    en visitant à fond ce blog je vois que c’est un rendez vous incontournable, je trouve ça sympa de donner un rendez vous mais c’est de la torture morale pour ceux qui comme moi rèvent de visiter le portugal …..

  9. brazex dit :

    Un personnage exceptionnel qui a partagé son immense fortune avec les autres en investissant dans la culture.

  10. JC dit :

    Tu sais que du fait des actions dont tu parles on l’avait surnommé « Monsieur cinq pour cent… »
    Merci pour tout Armando

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