Lisbonne pleurait encore un des plus beaux théâtres que l’Europe avait connus, le théâtre du Palais Royal de l’Opéra (aussi connu sous le nom de Théâtre Opéra du Tage) où avait été crée en 1733 l’un des premiers opéras portugais, La Pazienza di Socrate de Francisco António de Almeida.
Le théâtre était, selon les rares témoignages, un somptueux édifice avec une capacité sur scène pour 25 chevaux. Sa localisation serait où se trouve aujourd’hui la rue do Arsenal.
On vivait alors à l’heure de la richesse et de la puissance du Portugal, et Lisbonne affichait au monde son goût pour l’art lyrique. Mais voilà, le tremblement de terre de 1755 est venu balayer l’orgueil et la richesse insouciante de la ville.
Il fallait donc construire un autre lieu digne des grandes soirées d’opéra. Et ce fut le Théâtre National de São Carlos.
Le théâtre a été construit en six mois à peine, d’après un projet de José da Costa Silva, largement inspiré des deux grands théâtres italiens, la Scala de Milan, (façade et intérieur) et San Carlo de Naples (intérieur).
Peu de gens savent que la construction de ce magnifique théâtre, décidée à une époque et dans un contexte politique adverse aux ‘idées illuministes’, a été justifiée comme étant une bonne source de fonds pour aider la Casa Pia de Lisboa, fondée en 1780, par Pina Manique. C’est d’ailleurs ce dernier qui a obtenu l’autorisation auprès de la couronne portugaise.
La vrai raison toutefois était la modernisation de la société portugaise, voulue par un groupe de riches commerçants, qu’on peut deviner enthousiastes, le soir de l’ouverture, par La Ballerina amante du Napolitain Domenico Cimarosa ou encore enflammés certains soirs par le talent du grand compositeur portugais Marcos Portugal (La Semiramide), contemporain d’un autre grand compositeur portugais, João Domingos Bomtempo, auteur d’innombrables œuvres dont le Requiem a Camões (Bomtempo 1; Bomtempo 2; Bomtempo 3; Bomtempo 4).
Je suis certain que le flacon des souvenirs du théâtre São Carlos conserve encore le parfum d’élégance et de raffinement des grandes soirées d’opéra du Chiado. Je suis sûr qu’il conserve intacte la mémoire de la divine Callas, accompagnée par le ténor espagnol Alfredo Kraus, dans la Traviata, à faire pâlir de fierté Monsieur Verdi. Il était une fois une soirée de septembre de 1958…
C’est face au théâtre qu’est né le poète Fernando Pessoa et il y a vécu les premières cinq années de son existence.
Ceci explique son indéfectible attachement à ce quartier. L’immeuble est aujourd’hui le siège d’une Société d’avocats, la ABBC. L’immeuble ayant appartenu à la puissante Caixa Geral de Depósitos (Caisse Générale des Depôts), avait abrité une Compagnie d’assurances avant d’être mise sur le marché.
Probablement qu’un jour, quand l’extraordinaire richesse de la culture portugaise aura acquis l’importance qu’elle mérite, l’immeuble deviendra propriété de l’État pour qu’un Musée Fernando Pessoa, consacré à la poésie portugaise, puisse voir le jour. Par exemple.
Dans la même rue, nous trouvons le musée du Chiado (Musée National d’Art Contemporain). Curieusement, lui aussi a dû être reconstruit suite à une catastrophe, celle de l’incendie de Lisbonne de 1988.
Le musée a réouvert ses portes en 1994, d’après un projet de renouvellement de l’architecte français Jean-Michel Wilmotte, offert par le gouvernement français.
L’architecture néo-moderne respecte les vestiges historiques. Lieu monastique date de la période de la reconstruction de Lisbonne et a été acquis par l’Anglais Abraham Wheelhouse, après la loi libérale de 1834 d’extinction des ordres religieux.
Le musée fondé en 1911 réunit une large collection de l’art portugais de 1850 à nos jours. Il a connu des directeurs prestigieux, dont le peintre Carlos Reis, Columbano Bordalo Pinheiro (le frère de Rafael Bordalo Pinheiro), le peintre Adriano de Sousa Lopes, qui a introduit dans le musée des sculptures de Rodin, Bourdelle et Joseph Bernard.
Nous poursuivons par une visite au Théâtre Municipal de São Luiz, inauguré en 1894 par le roi D. Carlos et Dona Amélia, princesse d’Orléans et dernière reine du Portugal.
Il a commencé par s’appeler le Théâtre Dona Amélia, et ensuite, avec la fuite de la famille royale en 1910, lors de la proclamation de la république, le théâtre a été baptisé Théâtre République. En 1914, un incendie devait détruire au complet le théâtre original qui a été reconstruit de façon identique et inauguré en 1916. Quelques années plus tard, il a été remodelé et adapté pour le cinéma, tout en ayant changé son nom pour le São Luiz Ciné, et a été le premier cinéma avec son au Portugal. La salle de cinéma a été inaugurée avec la projection du film de Fritz Lang, Metropolis.
Quelques films, dans les années d’or du cinéma portugais, comme Maria Papoila (Marie Coquelicot) ou encore Bocage, en 1936, ont été projetés pour la première dans ce lieu.
Avec la désertion des salles de cinéma, la salle a perdu de son influence et en 1971, elle a été rachetée par la mairie de Lisbonne, qui lui a donné son nom actuel de Théâtre national de São Luiz.
Le théâtre connaît de nouveau, en 1998, des travaux de rénovation et d’agrandissement. Il accueille une multitude d’événements des plus prestigieux et des plus divers dont la déjà traditionnelle fête du Jazz portugais, chaque année.
La salle-studio du théâtre de São Luiz, s’est transformée depuis décembre 1990 en Théâtre-Studio Mário Viegas où se produit la Compagnie de Théâtre du Chiado.
continue…
Suel plaisir réitéré de te lire et de découvrir chaque semaine un peu plus sur cette ville aux milles trésors.
Est-ce que je peux rester dans une photo et ne plus bouger de là jusqu’à mercredi prochain?? Je peux, dis, je peux?
Un mercredi de merveille,quel travail,c’est extraordinaire!
Mille merci pour cette visite guidée et pleine de détails.
Que de découvertes..c’est merveilleux.
Bises pour un énorme merci.
Merci à tous de votre visite et de vos mots fort chaleureux.
La richesse culturelle et artistique de Lisbonne semble inépuisable…
C’est une promenade du mercredi dont je ne me prive pas, malgré la pluie mêlée de neige qui tombe, en ce moment, ici.
Qu’il est beau ton pays !
Merci Armando.
Quelle belle mise en scène pour rendre hommage à ces lieux historiques et culturels, que sont théâtres et musées.
J’ai beaucoup aimé ce passage… plein de poésie !
« Je suis certain que le flacon des souvenirs du théâtre São Carlos conserve encore le parfum d’élégance et de raffinement des grandes soirées d’opéra du Chiado ».
Merci Amando, je poursuivrai la visite avec plaisir.
C’est un beau théâtre, mais l’entrée étant très chère, la plus part des «Lisboètes» ne sont jamais allés. Très bon travaille comme toujours Mandocas, encore merci de faire connaître notre belle ville Lisbonne.
Magnifique. Cela donne vraiment envie d’y aller.
Merci de tout coeur Armando pour ces informations et magnifiques photos.
Tu as fait un travail de fourmi, c’est fantastique et très intéressant.
La promenade par le Chiado est de toute beauté !
Amitiés
Super intéressant comme d’habitude
Quel travail !
Merci Armando