Promenade(s) à Lisbonne…

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Depuis que la mémoire du temps se souvient, la Place du Commerce a toujours été la porte d’entrée de Lisbonne. Le ciel bleu de Lisbonne pourrait vous parler d’un temps où les eaux du Tage inondaient régulièrement les rues sableuses de la ville.

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C’était ainsi lors de la conquête de Lisbonne, en 1147, lorsque les troupes de D. Afonso Henriques se préparaient pour prendre d’assaut le château de S. Jorge, et faire de Lisbonne la capitale du pays, jusqu’alors située à Coimbra.

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C’est seulement à l’époque des découvertes que le lieu a été baptisé de Place du Commerce. C’était en effet sur cette place que les bateaux remplis de tant et tant de richesses en provenance des routes de l’épopée maritime portugaise arrivaient.

C’est sans doute là qu’on a vu le premier éléphant, venant d’Inde, et d’autres animaux exotiques. C’est là que les marins racontaient les premiers récits de voyages. C’était là la porte maritime qui liait l’Europe au monde nouveau.

Avec le temps, le sable est devenu de la terre dure et ferme.

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En 1511, le roi D. Manuel I a transféré sur la place du Commerce la résidence Royale, jusqu’alors installée au Château de S. Jorge. Elle est devenue alors Terreiro do Paço (Place du Palais).

Le tremblement de terre de 1755 est venu engloutir toute la richesse de la partie de la ville de Lisbonne situé au bord du Tage.

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La nouvellement reconstruite Opéra de Lisbonne a été consommée par le feu. Le palais royal, situé dans la marge du Tage, a été complètement dévasté, et son intérieur qui contenait une riche bibliothèque de plus de 70.000 volumes ainsi que des centaines d’œuvres d’art, notamment de tableaux de Tiziano, Correggio, Rubens, qui ont été perdues, ainsi que la plus grande partie de l’oeuvre du musicien Carlos Seixas [ici]. Le précieux Archive Royale, contenant des documents concernant l’exploration maritime et d’autres documents anciens ont également été engloutis. Des registres des voyages de Vasco da Gama et Colomb ont été perdus.

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Le tremblement de terre a également détruit les plus grandes églises de Lisbonne de l’époque, la Cathédrale de Santa Maria, les basiliques de Saint Paulo, Saint Vincent, Sainte Catherine et de la Miséricorde. Le tombeau d’Alvares Pereira, héros nationale, au couvent du Carmo, a été perdu. Les ruines du Couvent peuvent être visitées par le public.

La famille royale a survécu. Elle se trouvait au monastère des Jerónimos au moment du drame. La cour s’est installée alors au Palais de l’Ajuda.

Et c’est de ce chaos que Lisbonne renaît, comme un Phenix de ses cendres.

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D. José I

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Marquis de Pombal

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Eugénio dos Santos

 

D. José I, le Reformateur, Sebastião de Carvalho e Melo (Marquis de Pombal), responsable de la reconstruction et Eugénio dos Santos, architecte et ingénieur (dont l’Histoire injustement parle si peu), ont donné à la partie basse de Lisbonne le visage dont les grandes lignes n’ont pas changé jusqu’à aujourd’hui. [et dont je me suis laissé dire qu’un demi-siècle plus tard, un certain Haussmann aurait pu s’en inspirer.]

 

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Le projet d’Eugénio dos Santos nous propose une nouvelle Lisbonne de rues droites et amples, qui partent de la place du Commerce, où sont concentrés des batiments publics, vers l’intérieur de la ville et ce jusqu’à la place du Marquis de Pombal, en passant par les Portes de Saint Antão.

Les rues perpendiculaires, comme un Temple Initiatique, portent des noms qui avaient un rapport avec les divers métiers qui s’y sont installée. Rua do Ouro , Prata, Douradores, Sapateiros, etc.

La place, elle, est chargée de symboles, la plupart du temps inaperçus ou ignorés, mais qui valent bien qu’on s’attarde quelques instants.

La rue Augusta rappelle les avenues aux entrées triomphales. L’arc, du même nom, dont les travaux ont pris plus de 80 ans, a été construit d’après un projet d’Eugénio dos Santos.

L’arc représente l’entrée dans la ville mythique. Selon les mythes de l’antiquité, Lisbonne, tout comme Rome sont des villes sacrées, qui se répandent sur sept collines à la proximité d’une rivière à cinq lettres Tagus (Tejo) pour Lisbonne et Tibre (pour Rome).

 

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Si nous tournons le dos au Tage, nous pouvons admirer de chaque côtéde l’arc, les figures symbolisant le Tage et le Douro (qui étaient les limites de l’ancienne Lusitanie qui, comme son nom l’indique, est le royaume de la lumière et de connaissance). Le Douro est facilement identifiable par la grappe de raisins qu’il porte dans sa main.

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Puis, de gauche à droite : Viriato, le fondateur de la Lusitanie et qui l’a défendue jusqu’à sa mort, Vasco da Gamma, le navigateur qui a relié l’Orient et l’Occident, le Marquis de Pombal, et puis Nuno Álvares Pereira, héros national qui a lutté pour l’indépendance de la patrie.

Les œuvres sont du sculpteur Victor Bastos.

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Tout en haut, la Reine du Portugal couronne la Patrie et l’ange S. Miguel (l’ange qui défend le Portugal). Une autre version voudrait que ce soit la Gloire qui couronne le Génie et le Courage.

L’œuvre est du sculpteur français Anatole Calmels.

On prétend également que les trois personnages forment un parfait triangle équilatère , ce qui serait une symbolique maçonnique, qui s’est développée au Portugal pendant la période du Marquis de Pombal.

Une inscription en latin :
Virtvibvs Maiorvm Vt Sit Omnibus Documento. P.P.D. [P(ecunia) P(ublica) D(icatum)] dont la traduction signifierait : Les vertus des anciens, pour l’enseignement de tous. Dédié aux dépenses publiques.

 

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Au centre de l’arc, les armes du Portugal, avec des guirlandes, les mêmes que les anciens mettaient sur les tombeaux des héros. On peut aussi apercevoir des branches de vigne, symbole de la vie éternelle, ainsi que la palme, qui représente la victoire sur la mort et le péché.

De l’autre côté, on trouve une horloge qui fonctionne toujours.

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Le roi D. José I, au millieu de la place, tourne le dos à Lisbonne et semble avoir les yeux posés sur le Tage. Comme s’il protégeait Lisbonne de toute nouvelle catastrophe.

Un projet original voulait que le cheval marche sur un lion. Comme celui-ci est le roi de la jungle et le symbole de la noblesse, ceci donnait l’image d’une volonté de coupure avec la noblesse et les traditions. C’est pour cette raison que le cheval marche plutôt sur des serpents. Selon les murmures de l’Antiquité qui sont arrivés jusqu’à nous, Lisbonne serait un grand serpent dont chaque colline est un de ses anneaux. Il semblerait que les pigeons qui dansent dans le ciel de la Place du Commerce ne se posent jamais sur le serpent.

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Puis, sur le socle, il y a de chaque côté deux groupes. Un tourné vers l’Orient, les terres du soleil levant, representées par un éléphant et l’autre vers l’Occident, où le soleil s’endort, dont la représentation est le cheval. Ils sont accompagnés par la Renommée qui joue de la trompette. Le centre (du monde?) serait le Portugal et à sa tête D. José. Le buste du premier ministre, le Marquis de Pombal, se trouve, en médaillon, au centre du socle.

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Au dos, on peut découvrir, un bas-relief, avec divers symboles maçonniques, comme les clefs, le compas et l’équerre. Plus bas, l’arche ouverte avec le trésor (joyau de la connaissance). Au centre, l’enfant couronné, connu comme le Cinquième Empire, montrant la couronne de lauriers (symbole de victoire) et une étoile à cinq branches, ce qui, selon la franc-maçonnerie, est un symbole de lumière et connaissance.

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La place ne serait pas complète sans le quai des colonnes. Endroit aussi mythique que romantique, comme une porte d’entrée, ouverte sur la ville de Lisbonne, chaleureuse et accueillante. Pour l’heure, elles ont été enlevées en raison des travaux du métro. Reste à espérer qu’elles ne seront pas perdues ou oubliées dans un entrepôt froid et impersonnel. La place ne serait plus vraiment la même.

 

[Continue…]

À propos de dubleudansmesnuages

Je laisserai vagabonder mon esprit nomade, sur le fil d'or de mes silences, pour vous parler des ces choses qui me maintiennent en équilibre. Je vous parlerai aussi des musiques que j'aime. Elles se promènent du Fado d'Amália, de Dulce Pontes, de Cristina Branco, de Mariza, jusqu'aux voix frissonantes de Diana Krall, de Stacey Kent, de Chiara Civello, de Karrin Allyson, de Stina Nordenstam, de Robin McKelle, de Sophie Milman, d'Emilie-Claire Barlow, et d'encore plein d'autres … Aznavour, Brel, Duteil, Art Mengo, Berliner, Cabrel, Balavoine, Julien Clerc, Fugain, Le Forestier, Goldman, Lama, Rapsat, Vassiliu, Daniel Seff, Peyrac et tous ceux que m’on fait aimer la chanson française. Je me perdrai certains soirs dans le paradis de la musique brésilienne : Eliane Elias, Astrud Gilbert, Gal Costa, Elis Regina, Bia, Bebel Gilberto, Maria Creuza, Nara Leão, Jobim, Vinicius, Buarque, Toquinho, Djavan … Il y aura des moments où je vous parlerai d'une des chansons de ceux que j'affectionne. Donovan, Leonard Cohen, The Doors, Tracy Chapman, The Scorpions, Dylan, Lennon ou McCartney (avec ou sans les Beatles), ou de voix d'or comme Sarah Brightman, Ana Torroja, ou Teresa Salgueiro. Puis, parfois, je me promènerai sans but précis entre Piazzolla et Lluis Llach, de Mayte Martin à Gigliolla Cinquetti ou Paolo Conte, de Chavella Vargas à Souad Massi en passant par Gabriel Yacoub. Parce que la musique n’a aucune frontière. La musique ne connait que des sensibilités. Des sonorités. Des larmes ou des sourires. Je vous déposerai ici l'une ou l'autre de mes photos. Les moins ratées. Je vous laisserai un peu de poésie. Des poètes portugais. Que j'aime. Infiniment. Et puis tous les autres dont les textes me touchent. Je ne vous parlerai que des gens que j’aime. Et puis un peu de moi. Si peu. Et puis, si j'ai le temps. Seulement si j'ai le temps, je vous parlerai d'autres choses. Plus intimes.
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13 réponses à Promenade(s) à Lisbonne…

  1. MERLETTE Bertrand dit :

    Merci de ce pur moment de Bonheur, de Partage. J’aimais déjà beaucoup Lisbonne,je vais grâce à Toi , l’adorer chaque fois davantage…lorsque je marcherais sur les pavés mosaïques qui s’y trouvent ,qui nous mettent souvent en équilibre sur notre propre ignorance ,mais qui nous émerveillent tant, lorsque ,grâce à Toi, la Lumière nous éclaires. Je pourrais dés à présent déambuler dans ce temple…à la recherche de mon connais toi, toi même,car
    qui que nous soyons , nous sommes tous des Apprentis.
    Que la joie soit dans ton coeur!

  2. sylvie dit :

    Bonjour,

    L’adresse de la page de présentation de la Place du Commerce a changé, elle est maintenant sur : http://www.azurever.com/portugal/magazine/pracacomercio.php3

    Bonne continuation,

    Sylvie

  3. Merci pour ta visite, Christiane. Il est toujours agréable d’avoir un commentaire du Québec où je suis allé en 2007.
    De plus, je suis très heureux que le Portugal, le pays de mes racines et de mon cœur, t’ait plu ainsi que mon modeste billet.
    Je consacre d’ailleurs chaque mercredi à un aspect du Portugal et si le cœur t’en dit, ces billet sont réunis ici :
    http://dubleudansmesnuages.com/?cat=52

    Au plaisir de te revoir dans le bleu.

  4. Christiane Jolin dit :

    Mille mercis à Armando,
    J’ai tellement aimé le Portugal que j’y suis retournée deux années de suite, 2008 et 2009. Tout ce que tu nous apprends sur la Place de commerce et l’Arc Augusta nous révèle combien peut être grandiose les humains. Tout cela est doublement intéressant car j’étudie présentement cet endroit pour en faire un tableau. Ces connaissances que tu apportes donnent encore plus de dimension à mon projet. Un des lieux dans l’univers qui m’a le plus fascinée où émanent de fortes vibrations.

  5. Sandrine dit :

    Bonjour Armando!
    Tout d’abord bonne année 2009! Quelle soit source de paix, de joies et d’espoir pour vous et vos proches.
    Bonne continuation pour votre blog qui nous permet de découvrir Lisbonne que je ne connais pas.
    A bientôt.
    Bise.

  6. saab dit :

    Une vraie leçcon d’histoire, je relis ton texte aujourd’hui et tu mérites toutes mes félicitations car tu nous fais apprendre avec envie.

  7. Lali dit :

    Quelle formidable mercredi (comme tous les mercredis dans les bleu d’ailleurs)…
    On aurait envie de passer des jours et des jours juste ici, à la Place du Commerce, tant tu nous donnes envie de la découvrir…

  8. BRAZEX dit :

    Alors la chapeau, une belle leçon d’histoire sur Lisbonne et de son patrimoine architectural. J’ai été très heureux à Lisbonne et chaque fois que j’y retourne ses mémoires me reviennent, donc Lisbonne pour moi c’est un état de bonheur permanent. Je viens de découvrir pleins d’informations historique qui m’étaient complètement inconnus…merci MANDOCAS pour encore cette belle leçon d’histoire.

  9. JC dit :

    Hé dis donc gamin tu veux prendre ma place ?
    Ah non hein !
    En tout cas bien belle promenade dans cette superbe ville
    Bonne journée

  10. Denise dit :

    Un grand merci Armando pour ce magnifique parcours dans le temps dans lequel, je me passionne toujours des histoires des siècles précédents.
    Heureusement que Lisbonne s’est bien relevée malgré la destruction de la bibliothèque par le feu et le terrible tremblement de terre.

    La place du Commerce me plaît beaucoup ainsi que le quai des colonnes.

    Je me réjouis déjà de la suite…de lire ta chère Lisbonne !

  11. Mon vieux? … T’avais vraiment besoin de me détuire devant mes ‘admiratrices’?…

  12. Isa dit :

    C’est une vrai leçon d’histoire que tu nous donnes Mandocas, même à moi que je suis née dans cette merveille de ville et j’ai habité jusqu’à l’age de 30 ans (je fait un breck à Bruxelles). Je vois maintenant «A Praça do Comércio» d’une autre façon, grâce a toi.
    Pour les colonnes du quais, elles sont en reconstruction, et elles seront mises en place. Merci encore mon vieux de parler de NOTRE VILLE BIEN AIMÉE

  13. Flairjoy dit :

    Toute une leçon d’histoire!
    Si çà continue j’en saurai plus sur Lisbonne que sur Montréal.
    Je souhaite que tes colonnes romantiques reprennent leur place au portail d’une ville qui te tient par le bout du coeur!

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