Les bras écartés, regard immobile posé sur Lisbonne depuis 1959, ayant le Tage à ses pieds, le Christ Roi (on l’appelle aussi le Christ Rédempteur), est le témoin impassible de tant et tant de mutations de la ville chère à mon cœur.
Il a vu traverser tant de bateaux, se construire le pont du25 avril et puis celui de Vasco da Gama, avec la même froideur qu’il a vu le vieux Chiado partir en flammes sans bouger le moindre sourcil.
De plus, il a été inspiré du célèbre Christ Roi du Rio de Janeiro. En effet, c’est lors d’une visite au Brésil du Cardinal Patriarche de Lisbonne (Manuel Gonçalves Cerejeira) que l’idée est née dans la tête du saint homme.
Selon les vœux de l’apostolat portugais à Fátima en 1940, on voulait que le monument soit érigé à la suite d’une demande faite à Dieu (eh oui, nous on s’adresse pas au premier JC venu) d’épargner Portugal de la deuxième guerre mondiale.
Cela a bien convenu au dictateur Salazar, quei d’une part ne voulait pas rompre la vieille et bonne amitié luso-britannique en prétendant la neutralité portugaise justifiant ainsi la non-participation du Portugal au dit conflit, même si, d’un autre côté il a soutenu l’action d’Hitler dès la première heure (le vrai ennemi de Salazar s’appelait communisme) et que lui-même a affirmé le 9 octobre 1939 que « l’Allemagne est disposée à respecter le Portugal et ses territoires d’outremer en cas de neutralité… » Il faut dire que l’effort de ‘diplomatie‘ de Salazar pour ne pas décevoir ses deux alliés (l’Allemagne et l’Angleterre) ont été considérables. Salazar a fait parvenir à la machine de guerre nazie des minéraux (cuivre, étain, etc.), des aliments (poissons, céréales, huiles, sardines en boite) ainsi que des vêtements, couvertures et autre matériel d’appoint, qui ont fait la grandeur de sa « neutralité ».
Le lancement de la première pierre s’est fait en pompe et circonstance en 1949. Une foule de 3000 personnes composée d’anonymes et d’officiels s’est déplacée pour assister à l’événement. De même, les cardinaux du Rio de Janeiro et de Lourenço Marques (Mozambique) étaient présents. Le pape Jean XXIII, tant désiré, ne s’est pas déplacé, mais a transmis un message radio. Le cardinal de Lisbonne qui a béni la première pierre a fait remarquer que ce monument était un signe de gratitude pour le don de la paix.
Le souscription populaire lancée pour financer le monument n’avait recueilli que quelques milliers d’escudos. Bien insuffisants pour financer le projet. Par manque de fonds, les travaux ont duré 9 ans et le monument a été inauguré le 17 mars 1959.
Situé dans la commune d’Almada, sur une colline haute de 110 mètres au-dessus du niveau de l’Atlantique, le voilà, impérial, avec ses 28 mètres de hauteur, placé sur un pied de 75 mètres, les bras écartés surplombant le pont du 25 d’avril, le regard posé sur Lisbonne.
Pour ceux qui visitent Lisbonne, la vue imprenable de la capitale portugaise vaut le déplacement, sauf si vous avez le vertige…
Armando bonjour! J’ai vu construire ce pont, marché sur sa ferraille avant qu’il soit routé. Il semberai – si ma mémoire est bonne – que le Christ Roi initialement devrait être en or mais, un curé serait parti au Brésil avec l’argent prévu pour cela… Si le Pont et le Christ pouvaient parler, ils nous diraient tous les ‘ismos » dont ils ont été témoins! Rosario
Encore un autre mercredi exceptionnel où tu nous fais découvrir cette ville si chère à ton coeur et que nous aimons chaque semaine davantage…
Désolé c’est moi de nouveau juste pour vous dire que j’étais la le jour de l’inauguration…..snif….je deviens vieux. Buuuuááááá
Dommage pour le Crist d’être à coté de deux guignols…mais l’endroit est magnifique surtout le soir quand la vieille ville dors.
A propos encore de la deuxième construction du pont, il parait que le lendemain du jour de l’inauguration on a du attendre que la peinture sèche pour pouvoir l’inaugurer…hehehe
Merci Armando pour toutes tes explications mais tu m’en diras tant !
Bises
Si l’on donnait la parole… à cette portugaise, toute de noir vêtue, au visage ridée, témoin vivant… que de choses elle aussi… aurait t-elle à raconter..
J’ aime cette photo !
Oui et bien très beau tout ça mais le premier JC venu te dit bien des choses lol
C’est vrai Denise que la splendeur de ce pont est à couper le souffle mais le plus surprenant est que les Portugais (et tu connais leur réputation de grands travailleurs) l’ont bâti en une seule journée et une nuit (en respectant leurs pauses syndicales)… Étonnant, non?…
En effet, lors de la révolution des œillets, on avait exactement à cette place un pont qui s’appelait le pont Salazar. On a tout démantelé et on refait un nouveau pont exactement en tout point pareil au précédent (pour que les gens qui sont venus passer leur lune de miel à Lisbonne ne jettent pas leurs photos anciennes ou ne doivent pas se remarier, et aussi pour que le Christ Roi n’ait pas un arrêt cardiaque à son réveil – eh oui, on pense à tout, nous autres) et on l’a baptisé le pont du 25 avril…
Mais soit dit entre nous, je pense que le Christ Roi qui a été érigé à l’époque du dictateur (pour remercier Dieu, blá-blá…) est convaincu qu’il s’appelle toujours pont Salazar.
Je compte sur ta discrétion.
Mais avoue, entre nous, ça te coupe le sifflet, non?…
Ce pont d’une telle splendeur est à couper le souffle !
De la haut, la vue sur Lisbonne est vraiment magnifique.
Mais quel sublime vertige ! On se sent dépassé devant tant de beautés affichées.
Comment ne pas avoir le vertige devant tant de grandeur!