Et puis, sans s’y attendre, le voilà, en pleine figure, « le mot ». Le mot de trop. Celui qu’on n’a pas eu envie de taire. Qu’on avait aucun besoin de dire. Et qu’on finit par dire, pour rien. Pour une blessure.Pour que l’instant d’après ne soit plus le même. Pour que les rêves qui s’envolaient main dans la main tombent comme des oiseaux blessés. Pour que la confiance inébranlable dans l’autre se brise d’un coup sec. Comme une balle sortie d’un pistolet qu’on croyait innofensif ou bien rouillé.
Et le regard se fige perplexe, suspendu à un mot. Le mot. Inutile et inexplicable.Il y a un à moment ou un autre ce mot qu’on dit. Même pas pour avoir le dernier mot. Le mot de trop. Le mot pour rien…
pour une blessure. Pour assombrir un sourire. Pour faire naître une larme. Pour déchirer un cœur. Pour empêcher le bonheur de s’épanouir.
Et alors on se demande pourquoi on n’a pas su noyer dans le silence ce mot de trop ?
Pourquoi les silences ne sont jamais suffisants ?
Je vais m’inspirer de ce texte pour, un jour, réussir à écrire à mon frère…
Je continue de parcourir, pour « ne pas avoir noyer dans le silence ce mot de trop », moi aussi aujourd’hui, je livre sur la toile, r et s 5, les mots que je garderai désormais, que je garde dans une enveloppe fermée, que j’envoie à l’univers…
Si l’on me demandait de définir le « mot », je dirais qu’il est le costume de la pensée. Qu’il est de miel ou de fiel, selon qu’il va au bal ou à la guerre…
Moi je dis qu’un mot est un mot. Il ne faut pas en déformer la valeur réelle sous le prisme déformant de la subjectivité.
Il est rare qu’un mot ait blessé sans qu’une interprétation partiale ne soit en cause – souvent à l’insu de la personne qui l’a prononcé. Elle pourrait être la première surprise de la porté du mot qui est sorti de sa bouche.
Et parfois, ils partent avec le nuage noir qui les a apportés. Et peut-être que oui, ils ont le pouvoir de disparaître comme s’ils n’avaient jamais été dits.
Les mots peuvent se rattraper comme les balles… grâce à d’autres mots. Les uns viennent au secours des autres, pour les effacer, les adoucir et parfois même pour les faire disparaître comme s’ils n’avaient jamais été dits.C’est ce que l’on appelle la magie des mots !
« L’homme fort n’et pas celui qui raisonne, mais celui qui rayonne ».
(R. Bodard)