Ils m’agacent…

Dieu du ciel, qu’elle m’emmerde!… Madame-Je-sais-tout-sur-tout!…

Elle m’e-m-m-e-r-d-e, je vous dis.

D’ailleurs, il n’y a pas qu’elle… Tous ces perroquets savants, qui à chaque fois qu’on ne leur demande rien, étalent leur savoir comme de la confiture «taille fine» sur une tranche de pain «allégée» parce que le ceci et le cela, c’est très nocif pour la digestion, pour le cholestérol, le diabète, le je-ne-sais-pas-quoi… et puis, comme toujours, ils connaissent un copain qui a mangé pas sain et qui a été très malade ou qui en est presque mort.

Je ne vous dis que ça…

Ils me fatiguent à un point tel que personne ne peut l’imaginer.

Prenons n’importe quel sujet. La musique (qu’elle soit classique, jazz, reggae, hindouiste, africaine, celtique, fado, tango, etc.).  Ils connaissent toujours quelque chose, c’est-à-dire : TOUT. Et pareil si vous parlez de cinéma, de théâtre, d’opéra, des amazones brésiliennes, ou des dessins de Murillo, en passant par la Pièta de Michel Angelo, ou de l’Atomium à Bruxelles, les voilà devenus des encyclopédies sonores à vous foutre des références plein la tronche, comme si leur existence en dépendait.  Le Larousse n’a qu’à bien se tenir.

Et vous, reflet minable du pauvre con descendu de son village d’illettrés, vous n’avez qu’à la fermer et à les écouter parce que de toute manière, ils ne vous écoutent pas quand vous dites quelque chose. D’ailleurs, cela ne l’intéresse pas de vous écouter. A peine supportent-ils de s’écouter eux-mêmes.

Puis, ils ont toujours cet air énervant et triomphal du toréador qui a achevé l’innocente bête qui ne lui a rien demandé. On croit même écouter la trompette de la corrida, un après-midi de soleil, bière et sangria incluses.

En plus, ils se pavanent d’importance comme des bergers allemands qui pissent sur un pauvre caniche.

Moi, je vous avoue que je la ferme. Dans l’espoir secret que plus je la ferme, plus vite ils se taisent. 

Ils savent déjà tout. Mieux que tout le monde. Sur la politique, le sport, la musique, la télévision, les champignons comestibles, la poésie, les maladies, celles qu’on transmet et celles qu’on garde pour soi-même. Et alors que vous cherchez une aspirine ils se demandent s’ils ont encore des cachets d’acide acétylsalicylique. Alors qu’ils semblent ignorer qu’ils vous donnent déjà mal à la tête.

Et si vous saviez comme elle m’emmerde!… Elle m’emmerde tellement que mon sourire quand elle parle l’agace déjà, parce qu’elle se demande si je ne me fous pas de ce qu’elle raconte.

Et ça, c’est la seule chose que je suis certain qu’elle sait.