Si vous vous demandez encore ce qu’est le Fado, il y a dans le tableau peint par José Malhoa et auquel il a donné le nom de Fado, une image profonde de ce que peut représenter toute l’âme de cette chanson qu’on semble connaître si bien et que l’on ne cesse de redécouvrir.
Attendez… Attendez… Ne partez pas si vite…
Avez-vous bien regardé ce tableau?…
Avez-vous remarqué que la femme, une bohémienne penchée, avec sa corpulence charnelle, semble vouloir s’offrir comme un fruit juteux, à celui qui joue quelques airs de guitare? Et que leur omniprésence dans la toile occupe notre regard?
N’oubliez pas, nous sommes au début du XXe siècle, alors que le fado se chante dans les quartiers mal fréquentés de Lisbonne. Bairro Alto, Mouraria, Alfama. Après la révolution industrielle nait le courant artistique dénommé le Réalisme, dont José Malhoa fait partie.
L’idée du tableau commence à prendre forme un après-midi immobile, alors que l’artiste songe au premier fado chanté par la première femme, la Severa. Il trace une esquisse, sous les encouragements de son épouse. José Malhoa se promène dans les quartiers mal famés de Lisbonne. Il faut qu’il s’imprègne de cette atmosphère qu’il connaît si mal et dont il voudrait exprimer l’âme. Il se lance au bout de quelques mois dans un travail avec des modèles professionnels. Il déchante vite. Ce tableau n’a pas d’âme. Il repart, de nouveau, sillone les rues de la ville. Il s’arrête ici et là. Et puis un jour, il croise Amâncio, un guitariste canaille, comme il y en a tant à cette époque. Malhoa lui montre ses croquis. Amâncio rigole. Les fadistes, les vrais, ne ressemblent pas à ses croquis.
José Malhoa décide de travailler avec lui. Ce sera lui le guitariste de sa toile. Il lui reste a trouver l’autre personnage. Ce sera Adelaide. Une prostituée à fort caractère, que le peintre rencontrera dans une rue de Lisbonne.
Chez elle, l’artiste balaye l’intérieur de son regard.
La commode au miroir brisé;
les images pieuses collées au mur;
un vase avec le basilic, à côté une lampe à pétrole;
et la banderille et l’éventail dans l’autre coin.
Tous les symboles s’y trouvent. Le religieux, la plante odorante si chère au cœur des habitants de Lisbonne, la corrida de taureaux… Puis le peintre en ajoutera d’autres non moins importants, le vice avec, la cigarette dans la main, la bouteille de vin sur la table
et la chaussure qui tombe
et puis ce mur vieilli par le temps, en bleu, qui s’écaille ici et là.
Tiens, vous voulez jeter encore un coup d’œil au tableau?…
Si si, c’est le même que vous avez vu tout à l’heure…
Ping : Lali » Mais que lit-il ainsi?
Armando déguisé en professeur d’art J’aime ,,,, que dis je j’adooooooooooore
Ce tableau découpé , recomposé c’est excellent
j’aime particulièrement le personnage féminin qui a la tournure d’une héroïne de Zola
comme quoi, avec quelques explications et beaucoup de passion, tu arrives à nous ouvrir les yeux!
Qu’ajouter sinon que nous ne pourrons plus regarder ce tableau de la même manière…
Formidable ce que tu fais là … Un bonheur de découvrir par la magie et l’équilibre de tes mots la naissance d’une toile, d’une âme, d’une musique, tu es un artiste Armando et je suis très touchée par ta sensibilité …
La toile est belle, belle encore plus belle
Je t’embrasse
Grâce à toi Armando, tu nous fais vivre cette toile comme toi seul sait le faire!
Tes mots et tes photos nous transportent dans l’ambiance du fado… C’est magnifique!
Quel artiste tu fais Armando ! Si Amâncio fut le guitariste de la toile de Malhoa, tu es le chef d’orchestre de nos regards sur ce Fado ! Tant de détails qui font vibrer l’histoire et réveillent l’âme de cette scène, tant de détails que nous aurions pu ignorer … Merci !
Et bravo !
Quelle belle façon de nous faire pénétrer dans ce tableau qui nous transporte au coeur de l’âme du fado