Alors que le roi D. José I rentre tard au palais, d’une visite à sa maitresse, l’épouse d’un des héritiers de la puissante famille Távora, trois chevaliers s’attaquent à l’équipage. Le roi aurait été blessé à un bras mais on a déclaré qu’il avait été grièvement blessé.
Le premier ministre de l’époque, Sebastião José de Carvalho e Melo, s’est lancé à la poursuite des auteurs de l’attentat et après l’arrestation et la torture de deux malfrats, on raconte que ceux-ci auraient prétendu avoir agi sur les ordres de la famille Távora. Ils ont été tous deux pendus le lendemain de leur confession.
Dès lors, la haine affiché qu’un homme avait pour l’ancien vice-roi des Indes et sa famille a suffi a transformer les soupçons en preuves irréfutables.
La confession de deux malfrats déjà exécutés; l’arme du crime qu’on disait avoir appartenu à un des membres de la famille Távora et puis, preuve des preuves, le fait qu’ils étaient tous aux courant des incartades du roi avec Teresa de Távora à qui d’ailleurs on n’a pas épargné l’emprisonnement pour complicité.
Aussitôt, et en mépris du Tribunal régulier qui ne fut même pas consulté, on nomma une commission de magistrats qui jugèrent, le 12 septembre 1758, les accusés au cours d’un procès intime et sommaire.
Les Távora ont beau nier toutes les accusations et s’épuiser à argumenter et tenter de faire preuve de leur innocence, ça été peine perdue. Ils ont tous été, y compris femmes et enfants, condamnés à mort, avec châtiment public préalable.
Ils ont aussi pris connaissance que tous leurs biens avaient été confisqués au bénéfice de la couronne. Leurs noms effacés de la noblesse et leurs insignes de famille, interdits. Leur palais serait brulée et le terrain salé pour rendre le lieu stérile. D’ailleurs, à Belém, ou trouve une colonne où on pourra lire Ici ont été détruites et salées les maisons de José de Mascarenhas ex-Duc d’Aveiro et autres et condamné par sentence par la commission suprême le 12 janvier 1758 faisant justice à une attaque barbare dans la nuit du 13 septembre 1758 contre la personne royale et sacrée de notre seigneur le roi D. José. Sur ce terrain infâme on ne pourra plus construire, pendant un certain temps.
Le lendemain, le 13 janvier 1758, par la folie d’un homme, le Portugal allait inscrire dans son histoire, une des pages les plus sanglantes, inhumaines et barbares de son histoire.
La marquise de Távora fut décapitée après qu’on lui ait expliqué, avec lenteur et un cruel souci du détail, la manière avec laquelle on allait procéder avec ses proches, époux, fils, gendres.
On lui montre les instruments avec lesquels ils allaient être suppliciés et horreur inimaginable, on lui explique les douleurs et les souffrances atroces que cela allait engendrer avant leur mort.
Six heures durant, le roi et la cour ont assisté au châtiment exemplaire, qui devait montrer à un peuple apeuré que même les nobles étaient durement châtiés. Le roi n’épargnait personne.
L’histoire retient encore que le père jésuite, Gabriel Malagrida, ami personnel et confesseur de la marquise de Távora, a été brulé vif quelques jours après et que l’ordre des Jésuites a été déclaré illégal et le Marquis de Pombal se fait une joie personnelle d’expulser les jésuites du Portugal. Il se vantera d’ailleurs que cette expulsion est son cadeau au Pape Clément XII.
Sebastião José de Carvalho e Melo a été anobli avec le titre de Comte de Oeiras, en reconnaissance de sa compétence démontrée dans le traitement du procés des Távora. En 1770, il obtient le titre de Marquis de Pombal.
La future reine du Portugal, D. Maria I, profondément bouleversée par ce procès et sa barbarie, a, lors de son arrivée au pouvoir, demandé qu’un vrai procès puisse avoir lieu et que celui-ci soit revu par le Tribunal et mettra le très puissant Marquis à l’écart de la couronne et de l’état.
Vingt-deux ans plus tard, jamais aucune preuve n’est venue démontrer la culpabilité des Távora dans l’attentat. A vrai dire, même certains historiens, après des années de recherches, ne croient guère à la culpabilité des Távora.
Dès 1822, on a inscrit dans la Constitution portugaise l’abolition de toutes les peines cruelles et infamantes, mais c’est seulement en 1867, pendant le règne de D. Louis Ier, que l’abolition de la peine de mort est définitivement inscrite au code pénal portugais.
Une barbárie française…..
François Ravaillac
Supplice:
Il est condamné à mort par le Parlement de Paris présidé par Achille Ier de Harlay, son ordonnance d’exécution pour « l’inhumain régicide par lui commis en la personne du Roi Henri quatrième » du 27 mai 1610 précisant que le condamné, une fois soumis à la question puis pénitence faite, doit être conduit en place de Grève où il est destiné à « [être] tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite, qui tenait le couteau avec lequel il a commis ledit régicide, sera brûlée de feu de soufre, et sur les endroits tenaillés, il sera jeté du plomb fondu, de l’huile bouillante, de la poix, de la résine brûlante, de la cire et soufre fondus ensemble. Ensuite, son corps sera tiré et écartelé par quatre chevaux. Les membres de son corps seront consommés au feu, réduits en cendres et jetés au vent. »
Encore une page d’histoire incontournable, superbement écrit et mis en photos, merci !
j’écrivais i l y a quelques jours que, bien que nous devions garder en mémoire l’histoire de nos pays et du monde entier, si nous voulons avancer, nous devons surtout regarder devant, pas derrière … sauf pour tirer les leçons de ces passages si cruels et somme toute non nécessaires .
Que reste-t-il de ces ‘châtiments’, aujourd’hui ? l’exemple d’un roi qui ne savait pas comment asseoir son pouvoir ?
Et puis ? il est mort depuis longtemps, D’autres sont venus. La roue tourne. Pas seulement celle qui présidait aux tortures.
Merci à tous.
Je savais le sujet assez dur, mais j’ai essayé de le traiter avec objectivité, tout en sachant que la figure du Marquis de Pombal est très vénérée par l’histoire officielle. Celle qu’on m’a apprise à l’école.
Ça fait froid dans le dos, bien entendu.
Mais quel pays peut se vanter d’avoir les mains blanches et de n’avoir jamais connu de bavures?
Un vrai coup d’état de l’époque avec des contours d’une barbarie indescriptible déclenché par un Marquis avide de pouvoir et d’écarter sa concurrence par touts les moyens possibles.
bravo pour cet article bien documenté
Barbarie, cruauté, injustice sont vraiment de tous les pays !
Par contre j’apprends ici que le Portugal peut s’enorgueillir d’avoir aboli la peine de mort il y a longtemps ! Tout n’est jamais tout noir ou tout blanc
on ne rigolait pas en ce temps là! petites tortures et autres distractions….
biz
Cette histoire fait froid dans le dos…
Merci Armando pour ton documentaire du mercredi!
Et je suppose que le vrai responsable derrière sa barbe a ri !
Plus tard, Nietzsche dira : « La cruauté est le remède de l’orgueil blessé ». Une page bien sombre, en effet.
Pierre R. Chantelois