[Photo : Armando Ribeiro]
Faut dire que ces derniers temps le temps disponible pour la musique s’est émacié un peu. Parmi les musiques que j’ai écoutées, j’ai trouvé beaucoup de choses à jeter et aussi la raison pour laquelle les gens achètent de moins en moins de disques. Puis, et cela ne doit être une nouveauté pour personne, l’argent devient de plus en plus cher.
Je suis toujours sidéré par tous ces nouveaux disques de chanteurs français qui décident d’enregistrer en anglais comme si cela les rendait plus performants. Parfois c’est sidérant de bêtise. D’ailleurs il faudra qu’ils se disent que ce qui fait percer un artiste est la singularité et pas la ressemblance qui parfois tient de la pâle et médiocre copie.
Toujours est-il que parmi les albums que j’ai écoutés (au bureau et dans la voiture) la médiocrité était exaspérante et seuls deux ou trois ont été plaisants pour mes écouteuses. À croire que la musique, elle non plus n’est plus ce qu’elle a été…
Allison Krauss & Union Station, 2011 – Paper Airplane
Je ne veux pas être mauvaise langue mais la fille à la vingtaine de Grammys devrait en ajouter encore un ou deux avec cet album.
Je ne veux pas vous faire peur mais l’évocation de son nom rime avec beauté teinté d’un subtil mélange entre tradition et modernité.
Un album optimiste, beau, mélodieux, faussement dépouillé et austère, rempli de compositions magnifiques qu’on a envie de retenir avant qu’elles se dissipent comme de doux nuages de tendresse.
Je n’ai qu’une envie, vous dire en paraphrasant une collection célèbre : je n’aime vraiment pas de tout ce genre de musique mais Allison Krauss…
Catherine Ringer, 2011 – Ring n’ Roll
Je suis de ceux qui éprouvent une tendresse artistique pour Catherine Ringer, que je classe dans les plus belles voix de la chanson française. Elle est aussi déjantée que talentueuse et unique et peu importe ce qu’elle fait son visage est indissociable des Rita Mitsouko, un groupe duquel j’ai toujours un peu de mal à parler au passé, même trois ans après la disparation de Fred.
Il y a chez elle un grain de folie et une punkatitude qui lui vont à merveille. Le tout servi par une énergie à vous couper le souffle. Le talent ne meurt jamais. Il se fortifie et quelquefois il donne origine à un album nourri des influences cueillies au fil du temps.
Un premier album solo sur lequel on danse, on rêvasse, parfois avec une pointe de nostalgie, et avec lequel on frissonne tout en se laissant emporter par la voix toujours magnifique et inimitable de Catherine Ringer.
Pour les gourmands et les gourmets uniquement.
Cristina Branco, 2011 – Não há só tangos em Paris
Un album qu’on écoute comme une invitation au voyage sans se soucier du temps qui s’écoule doucement, avec la certitude que la voix de Cristina est unique et magnifique.
Entourée d’une pléiade de musiciens de talent, Cristina donne une fois encore une place de choix aux grands noms de la littérature portugaise en interprétant des textes d’António Gedeão, de Vasco da Graça Moura ou encore d’António Lobo Martins.
La surprise vient d’un texte de Baudelaire (L’invitation au voyage), des Désespérés, une chanson de Jacques Brel, écrite en 1966, d’un titre de Carlos Gardel et d’un clin d’œil à Amália.
Cristina Branco, avec la complicité de grands noms de la musique, comme António Vitorino de Almeida ou Mário Laginha, nous offre ce qui se fait de mieux dans la nouvelle vague du fado et s’affirme comme un nom incontournable de la musique portugaise.
Johnny Hallyday, 2011 – Jamais seul
Que je vous mette à l’aise sans tarder, après tout pas de chichi entre nous, l’idole des jeunes d’il y a plus de quarante ans n’a jamais été ma tasse de thé. Je n’ai jamais vraiment frissonné en écoutant toutes ces chansons qu’il est allé ‘piquer’ aux amerlos et aux sujets de sa majesté qui vient de marier son petit-fils. Souvenez-vous…
Alors, quand TF1 a fait la grande soirée de promo à la gloire du roi des rockers américains à la française, j’ai vraiment trouvé ça un peu gonflé comme affaire. Quelle belle invention la ‘zappette’…
Non sans hésiter un peu, je me suis dit que je ferais mieux de l’écouter au lieu de me laisser embobiner par la médiocrité de TF1 et j’avoue que l’auditive s’est laissé tenter après que j’aie lu que quelqu’un s’insurgeait contre tous ces « intellos bobos inrockos merdeux » (non, ne me félicitez pas, l’élégante expression je l’ai lue quelque part sur le Web). Entre nous, je le soupçonne d’être un fan de Johnny et de faire référence à « des chansons gâtées par des textes plus qu’embarrassants (…), un carnaval de mauvais jeux de mots et un festival de rimes pauvres », selon Le Figaro; « un disque où il y a à boire et à manger… mais aussi et surtout à trier », du quotidien gratuit Metro : Le Parisien ou encore « l’album patine à plusieurs endroits et souffre de texte sommaires », balancé par L’Express.
Pour ma part, puisque j’ai un blog indépendant et sérieux, je me suis dit que l’écoute de ce nouveau machin de Johnny ne pouvait pas être pire que l’équipe de France à la coupe du monde. Et je l’ai écouté. De Paul et Mick à Jalousie, le titre en bonus, puisque l’album s’arrête à Jade dort. Il y a une version française d’une chanson de l’album en anglais de Yodélice et puis un hommage à Jimi Hendrix, Guitar Hero. Et, après écoute je me suis dit qu’après tout l’équipe de France à la coupe du monde n’avait pas été si mauvaise…
Je voudrais terminer par deux notes positives. La première c’est un bravo au logiciel de retouche d’images utilisé pour l’élaboration de la pochette. La deuxième est que j’ai lu que Johnny aurait déclaré que ce serait son dernier album.
Reste a espérer que le gars ne soit pas menteur. En plus.
Nolwenn, 2011 – Bretonne
Sans doute pour effacer rapidement l’échec de son précédent album, la belle Nolween s’est lancée dans un album où elle chante, avec sentiment, ses racines.
Faut que je vous dise que je ne suis pas un très bon client de ce que j’appelle « les reprises », à moins qu’elles m’offrent quelque chose qui me fasse oublier l’original l’espace de quelques instants. Parmi les 13 titres proposés, je me suis lancé dans une audition préalable de Ma Bretagne quand elle pleut, du magnifique Jean Michel Caradec et, dans la foulée Le Bagdad de Lann-Bihoué que je connaissais dans la voix d’Alain Souchon.
Le plaisir de me perdre dans sa voix émouvante et profonde a été tel que mes écouteuses ont avalé heureuses l’ensemble des reprises qui, tout compte fait, ne le sont pas tout à fait. Puis j’aime beaucoup le titre inédit : Je ne serais jamais ta Parisienne.
En résumé, j’ai été conquis et je ne sais pas vraiment vous dire pourquoi mais si vous achetez l’album, vous allez très vite comprendre.
À dans un mois, bande de petits veinards.
Ping : Lali » Anclao en Paris
Merci pour tout Armando et mon coup de coeur va pour la merveilleuse Cristina Branco. Que c’est beau!
Bien vu ! (Non bien entendu ! Oh dis cas spécial !!!)
Rien à ajouter
Merci