Les mots voyageurs,
petite histoire du français venu d’ailleurs
(Marie Treps)
Ce livre est une petite merveille. Un tour du monde en 360 pages, en suivant les voyages de ces mots que l’on dit français mais qui nous viennent parfois de bien loin, et dont les tours et les détours surprennent, dont les histoires, graves ou rocambolesques, nous font aller d’un pays à l’autre, des confins des cartes aux contrées voisines de la France. Tout à la fois, livre d’histoire, livre de géographie, livre d’étymologies d’ici et d’ailleurs, Les mots voyageurs forme avant tout un livre de voyage à travers la langue française, une exploitation fort géographique du Dictionnaire historique de la langue française.
Puisque tout un chacun voyage rien qu’en parlant français, Marie Treps se demande en introduction de l’ouvrage : «sommes nous tous polyglottes ?» Nul ne peut décrire un paysage sans utiliser des mots néerlandais ou scandinaves, manger du chocolat ou des tomates sans utiliser ces mots qui nous viennent des Aztèques, faire du sport ou se vêtir sans parler un brin anglais, ou bien deviser sur les banques ou la musique sans se découvrir italianisant. Ces mots venus d’ailleurs, avec les contacts culturels qui les accompagnent, font de notre langue un langage assurément vivant. Mais au-delà de la réflexion strictement linguistique, avec des pages inspirées sur l’hospitalité langagière et l’identité métisse de notre propre langue, Marie Treps nous invite aussi à pénétrer dans toute notre géohistoire via les mots les plus quotidiens et les plus anodins. Puisque le commerce médiéval s’organisait entre le bassin méditerranéen et la mer du Nord, grâce à l’intermédiaire des ports italiens, ne soyons pas surpris de voir la plupart des mots français hérités du Moyen Age puiser à ces trois sources, arabe, italienne et néerlandaise. Les Grandes Découvertes de nos voisins ibériques nous transmettent des mots exotiques qui accompagnent ces réalités nouvelles que l’on appelle avocat, goyave, ouragan, cacao ou caïman. Tout cela avant que la fascination pour la démocratie britannique puis pour le mode de vie américain anglicise quelque peu notre langue (amendement, budget, jury, film, supermarché ou management).
pour la suite
Bien joli instant de lecture que tu as déniché pour nous. Surtout que j’adore tout ce qui parle des mots!!!