Pour ce jour dédié à la lecture, il me vient l’envie de vous raconter une petite histoire qui s’est passée il y a un peu plus d’une semaine dans une librairie de Bruxelles.
Le monsieur d’âge mûr, qu’on appellera Jonathan, entre en fin d’après midi dans la petite et sympathique librairie d’une rue étroite qui mène à la place Saint-Lambert. La libraire, souriante :
– Bonjour Monsieur, puis-je vous aider?
– Merci, c’est gentil, mais je vais juste faire un tour.
– D’accord monsieur, mais si je peux faire quelque chose…
– Merci. Je fais juste un tour…
Un merci un zeste agacé d’ailleurs, qui n’a pas été suffisant pour faire perdre son joli sourire à la libraire.
Faut dire que Jonathan est un « régulier ». C’est dans cette petite librairie et pas ailleurs qu’il commande toujours ses livres, chaque fois qu’il doit le faire. Alors il n’est pas improbable que la libraire se soit un peu habitué à lui, avec son air un peu absent et rêveur, qui cherche toujours Dieu sait quoi mais qui repart chaque fois avec quelque chose à se mettre entre les yeux.
La libraire l’observe de temps à autre, l’air amusé. Depuis un moment déjà que Jonathan est devant le rayon du fond, la tête penchée vers la gauche.
Il a déjà fait deux fois le tour des livres exposés sur les tables, où il s’est intéressé aux quatrièmes de couverture et au moins une fois le tour complet des livres rangés sur les étagères.
Là, il entame un nouveau voyage. Plus minutieux encore que le précédent.
Il lève quelquefois la tête et regarde autour comme pour s’assurer de n’avoir rien laissé échapper.
Alors que son deuxième tour de rayonnage se termine, il lève les yeux et son regard croise le sourire de la jolie libraire :
– Je ne peux toujours pas vous aider, monsieur?
– Ben… peut-être… sûrement… comment vous dire… On m’a parlé d’un livre formidable mais vraiment le titre… j’ai un blanc…
– Vous avez peut-être une piste. Le nom de l’auteur… quelque chose…
– Vous allez me trouver ridicule, mais la seule chose dont je me souvienne est que dans le titre il était question de pommes de terre…
– Ah je vois… Ce ne serait pas Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, par hasard?
– C’est ça!!!… Oh c’est magnifique… mais comment faites–vous?…
– C’est simple, voyez-vous : j’adore les patates!… lui a répondu la libraire, toujours souriante.
Ping : Lali » Le pouvoir de la littérature
Est-ce qu’elle t’a regardé dans les yeux quand elle a dit qu’elle aimait les patates???
Trêve de taquinerie, j’adore cette histoire qui n’est pas sans me rappeler mon ex-vie de libraire, longue d’un quart de siècle!.
Beaucoup de délicatesse chez cette libraire …
Comme quoi on peut se nourrir de livres ou des patates ça suffit de choisir! ;o)
J’aime beaucoup ton histoire, Armando. Comme cela a dû être drôle…
Elle est très amusante cette histoire et rassurante ! Les libraires ne se nourrissent pas que de livres !!!