[Texte: L’autreje]
Oh le con ! Ohhhh le Con ! L’espèce de salaud !! Et en plus il s’est mis tout beau pour venir me voir et me lire cette lettre ! Même pas capable de me regarder dans les yeux ! Mais je rêve ! Mais quelle conne je fais, moi aussi ! Quand je pense que j’ai dépensé une semaine de salaire pour m’acheter cette robe pour ce rendez-vous ! Moi qui croyais qu’il allait enfin me demander en mariage ! Papa et maman n’attendent que ça : que j’épouse Pedro Ricardo, le fils du Père Ricardo, le fabricant de bateau ! Ahhh ils vont être déçus mes parents et pas qu’un peu !!
Il vient de me lire cette lettre de Carlita, une cousine éloignée qu’il a foutu enceinte !! Ahh le salaud !! Et bien crève maintenant, ta vie entière, tu regretteras !! Elle te voulait la Carlita, elle t’a pris ! Tu vas te marier pour un coup de queue ! Mais c’est pas ça l’amour, pauv’ con. Moi je t’aimais, espèce de salaud ! Mais quand je te vois aussi minable que ça, je me dis que non je ne t’aimais pas, je croyais t’aimer ! Et je suis bien heureuse de cette douche froide sur ma tête ! Moi, je suis libre maintenant, je vais partir d’ici, je vais quitter cette ville, tu ne me reverras plus ! Je vais continuer de travailler pour être indépendante, je vais être libre ! D’ailleurs je le suis déjà, tout de suite, là maintenant ! Je ne t’épouserai pas, je n’exaucerai pas le vœux de mes parents, je pars libre de vous tous ! Libre !
Armando
Ce cri de l’adolescente ne laisse pas indifférent. Permettez-moi de vous citer cette parole pleine de sagesse de Maurice Chapelan : « L’enfant se laisse vivre, l’adolescent attend de vivre, l’homme essaie de vivre et le vieillard, de survivre ».
Pierre R.